Bonjour à tous, je suis Ghita, étudiante à l’ENS. C’est durant mes stages en startups et en VC que j’ai eu envie de créer First-time Founders, un média qui décrypte les dernières tendances dans la tech, le monde du VC et l’entrepreneuriat.
Bonjour à tous !
Je suis Ghita et bienvenue dans la sixième édition de la newsletter First-time Founders, le média qui démocratise l’entrepreneuriat et la tech.
Deux fois par mois, je propose à mes lecteurs une immersion au sein de l’écosystème tech et entrepreneurial avec des analyses sectorielles, des focus métiers, des réflexions autour de l’entrepreneuriat et bien plus encore.
Let’s go!
Au sommaire cette semaine :
🎤L’épisode 14 de First-time Founders avec Hector Balas, le fondateur et CEO d’Impala, une entreprise qui propose des outils d'orientation ludiques pour les jeunes de 13 à 25 ans.
🎙️Mon podcast sur mon stage en tant qu’analyste VC au sein d’un fonds à impact au micro de Maxence Jamet pour Wannabe
📰Les actualités de la French Tech avec Astanor Ventures, Innovafeed et EODev
👩💻 Deep dive : Qu’est-ce que l’investissement à impact ?
Qui sont les acteurs de l’investissement à impact ?
Qu’est-ce qui différencie l’investissement à impact des autres formes d’investissement ?
Quelle est la stratégie d’investissement de Citizen Capital ?
Comment évalue-t-on l’impact des opportunités d’investissement ?
Comment définit-on nos indicateurs d’impact ? Comment le mesure-t-on ?
First-time Founders : L’épisode 14 est en ligne !
Pour cet épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Hector Balas, le fondateur et CEO d’Impala.
Impala est une entreprise qui propose des outils d'orientation ludiques pour les jeunes de 13 à 25 ans.
Dans cet épisode, nous allons parler :
👨💻 Du parcours d’Hector et de son expérience d'étudiant-entrepreneur
🗓️ Du lancement d'Impala et des premiers mois de la vie de son entreprise
🎒 Des principales problématiques en matière d'orientation scolaire dans le monde d'aujourd'hui et des solutions que propose Impala
👬 Du départ de son cofondateur et des règles d'une bonne association
🔮 De sa vision pour Impala, de ses conseils pour tous les futurs entrepreneurs et de bien d'autres choses encore...
A quoi ressemble un stage en tant qu’analyste VC au sein d’un fonds à impact ?
J’ai eu l’occasion d’être interviewée par Maxence Jamet pour son podcast Wannabe pour parler de mon expérience en tant que stagiaire analyste VC au sein de Citizen Capital.
L’occasion pour moi de revenir sur mon parcours, mes missions, mon day-to-day d’analyste et le processus de recrutement que j’ai suivi.
Je vous laisse découvrir le podcast juste ici.
What’s up French Tech ?
Astanor Ventures annonce la création d’un fonds à impact de 275 millions d'euros pour financer la transition de l'agriculture en Europe et en Amérique du Nord. Le fonds belge qui a déjà investi dans Ynsect et La Ruche qui dit oui vient de boucler un financement de 275 millions d’euros avec pour objectif d'investir dans une vingtaine de start-up agtech et foodtech en Europe et en Amérique du Nord, pour "provoquer une révolution dans l'alimentation et l'agriculture"
Innovafeed : Le spécialiste français des protéines à base d'insectes a annoncé jeudi avoir levé 140 millions d'euros. L'opération doit lui servir à construire en 2021 une seconde unité de production aux Etats-Unis. Ce tour de table, réalisé auprès des fonds Creadev et Temasek, ses actionnaires historiques, mais aussi de partenaires bancaires, porte à 200 millions le niveau des financements réunis par la start-up depuis sa création en 2016.
EODev : L’entreprise qui s'est donné pour mission d'accélérer la transition énergétique avec des solutions industrielles fiables, adaptables, durables et accessibles a annoncé la semaine dernière un tour de table de 20 millions d’euros mené par Monnoyeur, Accor et Thélem Assurances. Cette levée devrait lui permettre d’accélérer l’industrialisation et la commercialisation de ses technologies hydrogène.
Qu’est-ce que l’investissement à impact ?
Les sujets de transition énergétique, de diversité, d’inclusion et de consommation responsable sont aujourd’hui dans tous les esprits. Ces sujets s’invitent aussi au premier chef dans le monde de la finance. Les investisseurs institutionnels et particuliers sont de plus en plus nombreux à vouloir générer un rendement financier tout en créant un impact social ou environnemental positif.
La pratique de l’investissement à impact a crû de façon exponentielle ces dernières années. Selon le Global Impact Investment Network, l’investissement à impact représente déjà 500 milliards de dollars.
En France, on voit se créer de plus en plus de fonds à impact. En Novembre seulement, 4 fonds ont déjà été lancés :
Mutuelles Impact, le fonds dédié à la santé et au médico-social lancé par la Mutualité Française et géré par XAnge et Investir&+
ArtNova, le fonds de Frédéric Jousset, co-fondateur de Webhelp et dédié à l'accompagnement des projets entrepreneuriaux dans le secteur culturel
FAMAE Impact, un fonds de 35 millions d’euros dédié à l’impact environnementale
2050, le tout nouveau fonds de Marie Ekeland, qui entend attirer des projets qui souhaitent aligner leurs intérêts économiques avec ceux de la société et de la planète.
L’investissement à impact est une vraie tendance de fonds qui ne cesse de progresser au fil des années. Il doit notamment son succès à sa capacité à résoudre des problématiques sociétales actuelles, mais aussi à son rendement financier très attractif qui dépasse souvent les attentes des investisseurs (c'est le cas de plus de 90% des investissements d'impact en 2017 selon le GIIN).
La question est alors de savoir ce que couvre vraiment cette notion. Plongeons ensemble dans l’univers de l’impact investing.
Les acteurs de l’investissement à impact
Commençons par définir les notions clés.
Selon le GIIN, l’Impact Investing se définit comme « les investissements faits dans les entreprises, les organisations et les fonds avec l’intention de générer des impacts environnementaux et sociaux en même temps qu’un rendement financier ».
Pour les investisseurs à impact l’objectif est donc double : générer un rendement financier tout en créant un impact social ou environnemental positif.
Toutefois, les investisseurs à impact n’ont pas tous la même stratégie, ni la même thèse d’investissement. En effet, chaque acteur choisit d’investir selon des critères et une mesure de l’impact qui lui sont propres.
Parmi ces acteurs, on distingue :
La venture philantropy : La venture philantropy est une approche innovante qui applique les principes et les méthodes du private equity, et en particulier du venture capital, au secteur non lucratif. En apportant un soutien financier et en compétences sur plusieurs années à des associations ou des entreprises sociales à fort potentiel, la venture philanthropy a pour but de renforcer durablement la capacité de ces organisations à produire un impact social significatif et à le mesurer.
Les acteurs du microcrédit : Les microcrédits sont des prêts accordés à des personnes démunies pour les aider à financer des projets professionnels ou personnels. Accordé par un établissement de crédit, une association ou une fondation, le microcrédit est assorti d’un taux d’intérêt aussi modéré que possible et fait l’objet d’un accompagnement. Il peut être accordé par un établissement de crédit, une association ou une fondation et a pour objectif de financer la création, le rachat ou la consolidation d’une très petite entreprise artisanale ou commerciale. Le microcrédit est alors un moyen pour encourager les microprojets au niveau local ou encore de permettre aux femmes de bénéficier de ressources pour entreprendre.
Les fonds d’investissement dédiés aux projets de l’Economie Sociale et Solidaire : L’économie sociale et solidaire est un segment de l’économie qui regroupe des structures dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe d’utilité sociale et qui ont pour objectif commun la création d’emplois locaux, l’inclusion sociale et la cohésion des territoires. Ces structures peuvent être des associations, des coopératives, des mutuelles, des fondations ou des entreprises sociales à statut commercial. Les fonds dédiés à ces projets comme Mirova ou NovaESS s’intéressent surtout à des indicateurs de solidarité sociale comme l’inclusion ou encore la gouvernance démocratique.
Les fonds d’investissements à impact, dédiés aux entreprises qui répondent à des besoins sociaux ou environnementaux fondamentaux et dont le modèle économique est ambitieux et au service d’une mission. Citizen Capital, Alter Equity, Demeter ou encore Raise font partie de cette quatrième catégorie.
Créé à l’aube de la crise financière mondiale de 2008, Citizen Capital investit des tickets compris entre 0,5 M et 4 M de la pre-Series A au growth dans des entreprises françaises en très forte croissance et dont l’activité vise à répondre de manière ambitieuse à un enjeu environnemental ou social majeur.
Avec près de 100 millions d’euros sous gestion, Citizen Capital dispose de deux enveloppes distinctes : la première, très orientée venture, qui finance des tours de pre-Series A/Series A pour des tickets pouvant aller jusqu’à 1,5 million d’euros et la deuxième, plus historique, dédiée aux Series B/Late stage et parfois même au capital-développement.
Citizen Capital a notamment investi dans OpenClassrooms, un site web de formation en ligne qui propose à ses membres des cours certifiants et des parcours professionnalisants, Ulule, la plateforme de financement participatif leader en France, RPUR, la marque de masques antipollution connecté et Lalilo, une application destinée aux professeurs des écoles de CP et CE1 qui leur permet d’individualiser leur enseignement de la lecture auprès de leurs élèves.
Investissement à impact vs Investissement responsable vs Investissement conventionnel
Qu’est-ce qui différencie l’investissement à impact des autres formes d’investissement ?
Un fonds d’investissement conventionnel se concentre uniquement sur les rendements financiers sans aucune autre considération sociale ou environnementale.
Un fonds d’investissement responsable placera les critères ESG au coeur de son processus d’investissement au même titre que les indicateurs financiers. Ces critères sont utilisés pour évaluer la façon dont une entreprise affecte la planète, son impact sociétal et la façon dont elle est gérée. Le critère environnemental tient par exemple compte des émissions de CO2, de la consommation d’électricité ou encore du recyclage des déchets. Le critère social prend en compte la prévention des accidents, la formation du personnel, le respect du droit des employés, la dialogue social… Le critère de gouvernance, quant à lui, vérifie la façon dont l’entreprise est dirigée, administrée et contrôlée (relation avec les actionnaires, la présence d’un comité de vérification des comptes…).
Un fonds d’investissement à impact va un cran plus loin. Les entreprises qu’il finance, en plus de répondre aux critères ESG, doivent adresser un véritable besoin et mettre leur mission au centre de leur activité tout en créant un modèle économique vertueux.
Notons tout de même que ces 3 types de fonds induisent une performance financière similaire. L’impact investing ne relève pas de la philanthropie.
Comment évalue-t-on l’impact chez Citizen Capital ?
Comme je l’ai évoqué plus haut, chaque fonds d’impact investing suit sa propre stratégie et évalue l’impact en fonction de critères qui lui sont propres.
Chez Citizen Capital, nous avons choisi de nous concentrer sur 3 enjeux fondamentaux :
Life essentials : Les entreprises qui permettent aux individus les plus vulnérables de vivre en bonne santé et dans la dignité.
Human Empowerment : Les entreprises qui permettent à tous les membres de la société de réaliser pleinement leur potentiel.
Environmental transition : Les entreprises qui prennent des mesures pour passer à une économie post-carbone et à un modèle plus durable.
Nous n’avons pas de secteurs de prédilection. Nous pouvons investir dans l’économie circulaire (ex : Certideal) comme dans les CivicTech (ex : Make.org), l’éducation (ex : Lalilo, OpenClassrooms) ou encore les HRTech (ex : Supermood, CleverConnect)
Pour évaluer l’impact, nous nous intéressons au projet d’entreprise dans toutes ses dimensions, économique et sociétale.
Nous utilisons la grille d’évaluation classique du Venture Capital. Nous nous intéressons à la profondeur du besoin, nous essayons de savoir si le marché adressable est de taille et si le produit est innovant et possède un avantage concurrentiel…
Toutefois, nous tenons aussi compte aussi dans notre analyse, de l’impact de l’entreprise à travers 6 dimensions clés qui valident ou non notre décision d’approfondir l’étude d’un dossier :
L’importance du besoin : L’entreprise contribue-t-elle à l’amélioration durable des conditions d’existence ? Son activité répond-elle à un besoin social ou environnemental majeur ?
La contribution/L’additionnalité : La solution a-t-elle le potentiel de changer un paradigme de la société actuelle ?
L’accessibilité : La solution est-elle accessible à tous ?
L’ampleur : La solution a-t-elle un spectre et une efficacité suffisants pour changer la donne ?
L’alignement : La mission est-elle en synergie avec le modèle économique ? Est-elle alignée sur les intérêts stratégiques et économiques de l’entreprise ? Est-elle adoptée à tous les niveaux ?
La maitrise des risques : L’entreprise comporte-t-elle un risque de non-réalisation de l’impact ? L’entreprise maitrise-t-elle ses externalités négatives ?
Et après ?
Si l’on décide d’aller plus loin, nous construisons au fil de nos échanges avec les entrepreneurs un business plan d’impact. Celui-ci traduit les ambitions sociétales de l’entreprise et permet de les suivre dans la durée. Il liste à la fois la mission que s’est donnée l’entreprise, les moyens alloués à cette mission ainsi que les indicateurs pour suivre sa performance en la matière. Il fait partie intégrante du projet annexé au pacte d’actionnaires. Chaque année, l’impact fait l’objet d’un bilan à travers le suivi des indicateurs clés du BP d’impact.
Prenons l’exemple d’OpenClassrooms. OpenClassrooms s’est donné pour mission de rendre l’éducation accessible et de favoriser l’employabilité de chacun, notamment sur les métiers porteurs du numérique. Pour mesurer l’impact, des mesures quantitatives et qualitatives ont été établies, comme le nombre d'étudiants qui décrochent un emploi à l'issue de leur formation en ligne (70 % à 100 % aujourd'hui) ou encore le nombre total de certifications octroyées. Ces indicateurs vont être mesurés chaque année pour nous permettre d’avoir une image complète de la performance sociétale de l’entreprise. OpenClassrooms a même mis en place un comité d’impact indépendant qui veille à l’exécution de la mission.
Pour en savoir plus sur la construction des KPIs d’impact et le carried interest de Citizen Capital, je vous invite à lire cet article, écrit par Olivier Mougenot, directeur d’investissement chez Citizen Capital.
Conclusion
Face à l’envergure de nos défis sociaux et écologiques, nous devons développer de nouveaux modèles mobilisant la puissance de l’économie et de la finance au service d’enjeux majeurs.
L’investissement à impact participe à cette ambition.
Je pense que les perspectives de développement du secteur sont très bonnes en France. S’ils n’utiliseront peut-être pas la même grille d’impact que Citizen Capital, les investisseurs seront de plus en plus nombreux dans le futur à placer les critères ESG au centre de leur processus d’investissement. Une belle avancée pour un secteur dont personne n’entendait parler il y a 10 ans.
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Merci à la team baby.vc pour la relecture !
À dans deux semaines !
Ghita