Bonjour à tous, je suis Ghita, étudiante à l’ENS et assistante de recherche à UCLA. C’est durant mes stages en startups et en VC que j’ai eu envie de créer First-time Founders, un média qui décrypte les dernières tendances dans la tech, le monde du VC et l’entrepreneuriat.
Avant d’entamer notre sujet, je voulais vous présenter la nouvelle initiative que nous avons lancée chez Raisers.
📈 L'écosystème tech africain connaît une croissance fulgurante depuis quelques années. Entre janvier 2020 et décembre 2021, le financement des startups numériques a augmenté deux fois plus vite sur le continent qu'ailleurs.
🌍 Le continent défie également la tendance mondiale en 2022. Alors que le financement des startups baisse dans le monde entier, l'Afrique se distingue comme une exception notable : le montant total des levées de fonds a plus que doublé pour atteindre 3,14 Mds$ au cours des six premiers mois de l'année, tandis que toutes les autres régions ont enregistré des baisses.
💰 Pour suivre le dynamisme de cet écosystème, Raisers a décidé de créer AfriMoney, une newsletter hebdomadaire qui récapitule l’ensemble des levées de fonds du continent.
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Depuis plusieurs semaines, les records s’enchaînent pour les cours de l’énergie, au grand dam de l’Europe. L’annonce de prix records de l’électricité sur le marché de gros, le 26 août dernier, a encore fait monter l’inquiétude. Elle confirme que le problème va durer, puisque ce sont les tarifs de l'électricité achetée à l'avance pour 2023 qui ont atteint un tarif supérieur à 1 000€ par mégawattheure (MWh), contre 85€ un an plus tôt.
Pour faire face à cette crise de grande ampleur, les gouvernements et les VC se tournent de plus en plus vers les Cleantech, ces startups qui mobilisent la technologie pour trouver des solutions aux principaux défis énergétiques.
Une étude de McKinsey & Company a révélé que les entreprises adoptant de nouvelles approches en matière d'approvisionnement énergétique et se concentrant radicalement sur l'efficacité énergétique et la décarbonisation pouvaient réaliser des améliorations durables de leur marge allant jusqu'à 10 % tout en réduisant simultanément leur empreinte carbone de 40 % ou plus.
Le lien entre la durabilité et la rentabilité étant de plus en plus évident, il paraît donc essentiel d’encourager l’avènement des Cleantech en Europe. Ces startups représentent une alternative viable pour réduire les prix de l’énergie, permettre à l’Europe de devenir le premier continent neutre en carbone d'ici à 2050 et réduire sa dépendance aux autres pays.
La France, en particulier, joue un rôle essentiel dans cette transition énergétique, environnementale et climatique du continent, grâce à son écosystème important de startups éco-innovantes.
Qui sont ces startups françaises ? Comment contribuent-elles à répondre à la crise énergétique actuelle ? Quel rôle peuvent jouer les pouvoirs publics dans la mise en œuvre rapide de solutions abordables et accessibles pour la transition énergétique française et européenne ?
Pourquoi l’électricité et le gaz sont-ils devenus si chers ?
La crise énergétique mondiale que nous connaissons depuis l’automne 2021 est une pénurie d’énergie dans le monde causée en 2021 par la forte reprise économique mondiale après la récession liée à la pandémie de Covid-19, puis amplifiée à partir de mars 2022 par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
En effet, les gouvernements n’ont pas su répondre à la demande énergétique croissante qui a suivi les confinements successifs dus au Covid-19 et n’ont pas été assez proactifs pour éviter la flambée des prix de l’énergie.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a encore empiré la situation. Les gouvernements européens ont annoncé, fin mai 2022, une réduction des importations de pétrole et de gaz russes de deux tiers, dans le cadre des sanctions économiques contre l'agression militaire russe, ce qui a fait grimper les prix. Toutefois, la Russie est historiquement le premier fournisseur de gaz naturel à l’Union européenne et, plus de 40% du gaz consommé en Europe est acheminé depuis la Russie. La Finlande dépend à 100 % du gaz russe, la France à 18% et l’Allemagne à 55 %. Cette dernière importe aussi de la Russie 42 % son pétrole et son charbon… Et comme elle s’est engagée dans une sortie du nucléaire, elle se retrouve coincée.
Mais alors comment se passer du gaz russe ? Tel est l’un des défis que pose la guerre en Ukraine. L'Union européenne a compris soudainement le coût de sa dépendance aux hydrocarbures russes et cherche depuis lors à accélérer la diversification de ses approvisionnements et de son mix énergétique.
Les Cleantech : une réponse à la crise énergétique que connaît l’Europe
Tirant les enseignements de cette crise, l’Europe continue son travail de diversification des sources d’énergie et prévoit des investissements massifs dans les sources d’énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique. Dans le cadre du plan de l’UE pour la transition écologique, la Commission européenne ambitionne d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique jusqu’à 40 % d'ici à 2030 et d’augmenter l’obligation d’économies d’énergie annuelles de 0,8 % à 1,5 %. Le plan de relance européen finance d’ailleurs cette transition climatique à hauteur de 53 Mds€.
Pour atteindre au mieux les objectifs qu’ils se sont fixés, les pouvoirs publics se tournent notamment vers les Cleantech. Depuis plusieurs années déjà, ces entreprises, à la pointe de la technologie, contribuent à la création d’un nouveau marché de l’énergie propre, loin du lobby gazier qui ne cesse de vanter les mérites du gaz naturel comme source d’énergie faible en émissions. Ces startups ouvrent la porte à des décisions énergétiques plus conscientes.
La France regorge d’entreprises innovantes dans le domaine. Le mapping ci-dessous répertorie les principales solutions portées par les startups pour répondre concrètement aux enjeux énergétiques auquels nous devons faire face.
Production d’énergie renouvelable : l’ensemble des entreprises ayant développé des technologies relatives à la production d’énergie renouvelable (par le solaire, l’éolien, l’hydraulique, l’hydrogène ou encore la biomasse). Cette catégorie comprend des startups comme DualSun, qui conçoit et produit des panneaux photovoltaïques qui répondent à l'ensemble des besoins énergétiques des bâtiments.
Stockage d’énergie renouvelable : l’ensemble des entreprises qui garantissent le stockage en toute sécurité de l’énergie. Cette catégorie comprend des startups comme Gouach, qui conçoit une batterie électrique réparable qui utilise une conception sans soudure pour réduire l'empreinte CO2 des vélos.
Utilisation efficiente de l’énergie : l’ensemble des entreprises qui permettent de gagner en efficacité sur les différentes phases de cycle de vie de l’énergie. Cette catégorie comprend des startups comme Deepki, qui édite un logiciel pour réaliser des audits énergétiques dans le secteur de l'immobilier.
Valorisation énergétique : l’ensemble des entreprises ayant développé des solutions pour récupérer et valoriser l’énergie produite lors du traitement des déchets sous forme de chaleur, d’électricité, de carburant. Cette catégorie comprend des startups comme BinHappy, qui accompagne les professionnels normands dans le tri à la source, la collecte et la valorisation des biodéchets.
Infrastructure d’énergie propre : l’ensemble des entreprises qui fournissent des produits ou services complémentaires qui contribuent à créer une infrastructure complète d’énergie propre. Cette catégorie comprend des startups comme Noil, qui produit des kits d'électrification pour scooters et Solex ou encore Ekwateur, un fournisseur d’énergie renouvelable.
Les Cleantech suscientent de plus en plus l’intérêt des investisseurs. La crise énergétique actuelle stimule les investissements dans les technologies vertes, notamment le gaz naturel liquéfié, l'énergie nucléaire, l'énergie solaire, l'énergie éolienne et l'hydrogène.
Selon les données de Pitchbook, les Cleantech mondiales ont levé 13,7 Mds$ au cours des 6 premiers mois de 2022 à travers 369 transactions.
En France aussi, les startups d’énergie renouvelable sont largement plébiscitées par les investisseurs. ZePlug, un opérateur français de service de recharge pour voitures électriques a levé, le mois dernier, 240 M€ auprès du fonds britannique ICG Infra. C’est le 3ème plus gros tour de l’année 2022. Electra, le spécialiste des bornes de recharge rapide, a quant à lui, levé 150 M€ en juin dernier auprès d’Eurazeo, RGREEN Invest, RIVE Private Investment, Serena, le Groupe Chopard, SNCF (574 Invest) et RATP Group.
La nécessaire coopération entre startups et pouvoirs publics
Les startups sont agiles et sont en mesure de proposer des solutions énergétiques efficaces et de les déployer rapidement. L’absence de restriction bureaucratique, propre aux pouvoirs publics, garantit aux entrepreneurs la souplesse nécessaire pour développer, tester et affiner leurs idées.
Néanmoins, ils ont besoin de l’appui des pouvoirs publics, non seulement d’un point de vue financier (octroi des subventions et des financements indispensables) mais également d’un point de vue législatif (octroi des licences et des autorisations requises). Ces mesures de soutien sont importantes, non pas parce que les pouvoirs publics sont de bons substituts aux capital-risqueurs, mais parce que les gouvernements possèdent un éventail de ressources uniques dont les Cleantech ont besoin pour réussir : accès à de larges investissements financiers, à des laboratoires de renommée mondiale, à des programmes de mentorats, etc.
C’est dans ce but que le gouvernement français a lancé l’initiative Greentech Innovation qui accompagne des startups et PME innovantes qui oeuvrent au service de la transition écologique. Depuis le lancement en 2016, 215 greentech sont lauréates et bénéficient d’une offre d’accompagnement, d’une visibilité accrue ainsi que d’évènements qui permettent la rencontre entre start-up, PME et autres acteurs du développement durable.
La solution à la crise énergétique peut être mise en œuvre seulement si les autorités et les startups coopèrent. Même si de nombreux obstacles de nature bureaucratique empêchent aujourd’hui une collaboration efficace entre ces acteurs, reconnaître que les entreprises et les gouvernements ont un objectif commun peut contribuer à favoriser la coopération et à rationaliser la bureaucratie qui peut souvent tuer des startups B2B et B2C prometteuses avant qu'elles ne soient sur pied.
La volonté des gouvernements européens de diversifier leurs sources d’énergie ainsi que l’afflux massif des capitaux vers le marché de l’énergie renouvelable nous laisse croire que le climat est très favorable aux startups de ce secteur.
Les entreprises prometteuses pourraient, si elles sont soutenues et financées, devenir des licornes de l’industrie plus vite qu’on ne le pense.
C’est le moment ou jamais d’entrer sur le marché !
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À dans deux semaines !
Ghita
Merci pour cet article très riche et super intéressant !