Bonjour à tous, je suis Ghita, étudiante à l’ENS. C’est durant mes stages en startups et en VC que j’ai eu envie de créer First-time Founders, un média qui décrypte les dernières tendances dans la tech, le monde du VC et l’entrepreneuriat.
Bonjour à tous !
Je suis Ghita et bienvenue dans la quatrième édition de la newsletter First-time Founders, le média qui démocratise l’entrepreneuriat et la tech.
Deux fois par mois, je propose à mes lecteurs une immersion au sein de l’écosystème tech et entrepreneurial avec des analyses sectorielles, des focus métiers, des réflexions autour de l’entrepreneuriat et bien plus encore.
Let’s go!
Au sommaire cette semaine :
🎤L’épisode 12 de First-time Founders avec Mamoune Alaoui, cofondateur et COO de Pelico, une plateforme intelligente et collaborative de gestion des opérations industrielles.
📰Les actualités de la French Tech avec SparingVision, Auto-école.net et Spendesk
👩💻 Enquête : Que recherchent les VCs chez les entrepreneurs ?
Une revue de la littérature sur les critères qu’utilisent les VCs pour évaluer les entrepreneurs
Les biais cognitifs qui entrent en ligne dans le processus d’évaluation
Une étude des parcours des équipes fondatrices des 35 startups françaises ayant levé le plus de fonds pour mieux comprendre les modèles de financement au sein de la French Tech
First-time Founders : L’épisode 12 est LIVE !
Pour cet épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Mamoun Alaoui, le COO et cofondateur de Pelico.
Pelico est une plateforme intelligente et collaborative de gestion des opérations industrielles.
Mamoun est revenu sur son parcours professionnel, la genèse de Pelico, son aventure entrepreneuriale, ses challenges au quotidien, sa pratique de la méditation…
Probablement un de mes épisodes favoris depuis le lancement. Je vous conseille vivement de l’écouter.
What’s up French Tech ?
SparingVision lève 44,5 millions d’euros. La startup qui développe une thérapie génique pour soigner la rétinite pigmentaire a annoncé ce nouveau tour de table auprès de Jeito Capital, 4Bio Capital, UPMC Enterprises et Ysios Capital. Les investisseurs historiques BPIFrance et Foundation Fighting Blindness participent aussi à cette extension de la série A. La levée de fonds doit permettre le développement du traitement SPVN06 contre la rétinite pigmentaire, une atteinte génétique dégénérative de l’œil qui se caractérise par une perte progressive et graduelle de la vision évoluant vers la cécité.
Une levée de fonds de 10 millions d’euros pour Auto-école.net. La plateforme de formation à la conduite a annoncé une levée de fonds de 10 millions d’euros menée par Ring Capital, avec la participation de l’investisseur historique Calcium Capital. Ce tour de table devrait lui permettre d’accélérer sa croissance face à Ornikar.
Nouveau tour de table pour Spendesk. La startup qui développe une solution SaaS de gestion des dépenses professionnelles vient de lever 15 millions de plus auprès de Eight Roads Ventures. Cette opération s’inscrit dans le prolongement de la Serie B de l’entreprise qui avait déjà levé 35 millions d’euros en septembre 2019 pour se déployer à l’international. Avec ce nouveau financement, Spendesk entend poursuivre sur sa lancée dans les prochains mois.
Que recherchent les VCs chez les entrepreneurs ?
Lorsque j’ai publié mon étude sur les levées de fonds féminines, j’ai reçu ce message :
Cette remarque pose la question des critères utilisés par les investisseurs pour évaluer les entrepreneurs. J’ai eu envie de creuser le sujet.
Compte tenu du grand nombre d'opportunités d'investissement qui se présentent à eux, les VCs utilisent un ensemble de critères bien définis pour les évaluer avant d’investir. L'équipe, le besoin et le produit, l'opportunité du marché et le profil de risque jouent tous un rôle important dans leur prise de décision.
Aujourd’hui, nous allons nous consacrer au premier critère : l’équipe.
Tout le monde parle de l’importance de l’équipe fondatrice mais personne ne sait vraiment ce que les investisseurs recherchent.
Je me suis emparée de cette question pour tenter de comprendre les traits que recherchent les VCs chez les entrepreneurs.
Que dit la littérature sur l’évaluation du capital humain par les investisseurs ?
La littérature sur le financement des startups révèle que le capital humain de l’équipe fondatrice / de l’entrepreneur est un critère important dans les décisions d’investissement des VC. La littérature souligne également qu’il n’existe pas de méthode unique pour appréhender tous les aspects du capital humain mais que son évaluation permet de faire des prévisions concernant les performances de l’équipe fondatrice/du top management (Smart, 1999).
Quels sont les critères humains pris en compte par les VCs pour évaluer de potentiels investissements ?
L’expérience de l’équipe fondatrice : En effet, les VC préféreront toujours une équipe expérimentée car l’expérience permet de limiter le risque d’échec d’un investissement et d’augmenter les rendements futurs que les fonds pourraient obtenir à la sortie (Dixon, 1991). L’expérience est un critère très important pour les investisseurs qui ne peut pas être compensé par un autre critère dont la valeur serait plus élevé (Riquelme et Rickards, 1992). D’ailleurs, les investisseurs privilégieront constamment l’entrepreneur qui a de l’expérience au sein de l’industrie dans laquelle opère son entreprise (Muzyka et al, 1996). Franke et al (2008) ont mené une étude auprès de 51 professionnels allemands et autrichiens au sein de différentes sociétés de capital-risque et en ont conclu que ces dernières, quelque soit leur niveau d’expertise, considèrent l’expérience sectorielle comme leur principal critère d’investissement.
Les relations entre les membres de l’équipe fondatrice : La cohésion d’équipe ou encore le fait que les différents membres de l’équipe fondatrice entretiennent des relations professionnelles ou privées entre eux avant même la création de la startup sont également des critères pris en compte par les VCs.
Les qualifications académiques de l’équipe fondatrice : Ainsi, Hsu (2007) a montré que les titulaires d’un doctorat sont plus susceptibles d’être financés et de voir leurs startups valorisées à des montants assez élevés. La complémentarité des compétences au sein de l’équipe fondatrice joue aussi un rôle dans la décision d’investissement (Franke et al, 2008). Si aucun membre de l’équipe ne détient une compétence essentielle, le VC peut renoncer à l’opportunité.
Les soft skills : Les investisseurs s’attendent à ce que les membres de l’équipe fondatrice présentent certaines caractéristiques cognitives spécifiques, comme le pragmatisme ou encore la capacité à résoudre des problèmes, qu’ils aient certains traits de personnalité bien déterminés, comme l'intégrité, et qu’ils fassent preuve de motivation (Schefczyk et Gerpott, 2001). La capacité à coopérer, la “coachabilité”, ainsi que la relation entre les investisseurs et les entrepreneurs, influencent aussi le processus décisionnel des VCs (Hall et Hofer, 1993). Dans cette même optique, la capacité de l'entrepreneur à identifier les risques et à bien exécuter (Macmillan et al. 1985), sa ténacité et sa capacité de communication et de leadership (Knight 1994) sont d’autres critères qui entrent en ligne de compte dans ce processus. Enfin, des critères tels que la passion entrepreneuriale que les VCs peuvent ressentir lors des pitch (Chen, Yao et Kotha, 2009), influencent grandement leurs décisions. Lors des pitch, les investisseurs font la distinction entre la passion entrepreneuriale et la préparation. La première est transmise par les expressions du visage et le langage corporel tandis que la seconde est démontrée par le contenu et la substance de la présentation. En fin de compte, la préparation a une influence plus importante que la passion sur les décisions de financement des sociétés de capital-risque (Chen et al.2009).
D’autres critères : l’âge, l’engagement financier de l’entrepreneur, sa vision sur le long terme…
Que dit la littérature sur les biais cognitifs qui entrent en jeu dans le processus d’évaluation des entrepreneurs ?
La littérature montre également que de nombreux biais cognitifs agissent sur le processus d’évaluation des VC. Les gens sont intrinsèquement biaisés et nos préjugés inconscients affectent nos décisions et nos perceptions. Parmi ces biais, on retrouve :
Le biais de similarité de Byrne (1971) : Plus une personne ressemble à une autre, plus elle l’évalue positivement. Le biais de similarité révèle que les VCs s’écartent systématiquement de leur grille d’évaluation lors de la sélection des potentiels investissements et privilégient toujours les équipes qui leur ressemblent. Par exemple, les directeurs d’investissement qui ont suivi un cursus d’ingénieur ont tendance à privilégier les équipes qui ont un parcours académique similaire au leur. Cette hypothèse est également valable pour l’expérience professionnelle (Cueto et Zhang, 2013).
Le biais d’ancrage : C'est un biais de jugement qui pousse à se concentrer davantage sur un facteur ou un élement d’information en particulier lors de la prise de décision. Par exemple, si une des entreprises du portefeuille d’un investisseur échoue à cause de l’expertise technique du fondateur, l’investisseur sera plus sensible à l’expertise technique de tous les entrepreneurs qu’il rencontrera par la suite.
Le biais du genre : Je vous invite à consulter la 3ème édition de la newsletter pour en apprendre plus sur ce biais.
On peut conclure que les décisions d’investissements des VCs dépendent autant de faits subjectifs comme les relations interpersonnelles ou le pragmatisme des fondateurs que de critères plus objectifs comme le parcours académique ou l’expérience. Toutefois, de nombreux biais cognitifs entrent en jeu dans l’évaluation des équipes et peuvent aussi bien porter préjudice à l’entrepreneur qu’à l’investisseur, d’où la nécessité de bien les comprendre pour mieux les maitriser.
Et dans les faits, quels sont les critères retenus ?
En essayant de comprendre le framework qu’utilisent les VCs pour évaluer les entrepreneurs, je me suis interrogée sur les modèles de financement du capital humain au sein de la French Tech.
Y a-t-il des schémas répétitifs en matière de capital humain ? Si oui, lesquels ?
Pour répondre à cette question, j’ai décidé de mener ma propre étude en examinant le parcours des équipes fondatrices des 35 startups françaises ayant levé le plus de fonds.
Ne pouvant bien évidemment pas juger les soft skills, je n’ai retenu que les critères suivants :
l’âge à la première levée
le genre
le parcours académique (le fondateur a-t-il une formation business ou technique ? est-il diplômé d'une école de commerce/ingé du top 5/ENS ?)
l’expérience préalable (le fondateur est-il un repeat entrepreneur ou un first-time founder ? a-t-il eu une expérience préalable dans l’industrie dans laquelle opère son entreprise ?).
Disclaimer : Cette étude a été menée sur les 35 startups françaises ayant levé le plus de fonds (elles ont levé à elles seules 2,9Mds de dollars depuis leur création) et leurs 89 cofondateurs : Blablacar, OVH, Deezer, Doctolib, Meero,Sigfox, Devialet, Swile, ManoMano, Payfit, Mirakl,Ynsect, Dashlane, Wynd, Alizé pharma, Withings, Lumapps, Aircall, Qonto, ContentSquare, Algolia, Ecovadis, Back Market, Shift Technology, Jobteaser AB Tasty, Lydia, Alan, Voodoo, Fotolia, Sendinblue, Vestiaire collective, OpenClassrooms, HR Path, Dataiku
Cette étude ne prétend pas représenter la réalité de toutes les startups françaises VC backed.
Les résultats sont les suivants :
Sur les 89 entrepreneurs, seulement 3 sont des femmes (97% d’hommes).
La moyenne d’âge à la première levée des 89 fondateurs est de 33,6 ans.
57% des entrepreneurs de l’échantillon ont une formation technique, 35% une formation business et 6% sont autodidactes ou ont bénéficié d’un autre type de formation (sciences, communication, design…)
39% des entrepreneurs de l’échantillon sont issus du TOP 5 des écoles de commerce ou d’ingénieur/d’une ENS. Les écoles les plus représentées sont :
1) L’Ecole Polytechnique (6 entrepreneurs sur 89)
2) Centrale Paris et EPITA (5 entrepreneurs sur 89)
3) HEC Paris, l’ESSEC et l’ENS (4 entrepreneurs sur 89)
Seulement 6% des entrepreneurs de l’échantillon sont titulaires d’un doctorat.
66% des entrepreneurs de l’échantillon sont des first-time founders et 34% des repeat entrepreneurs.
78% des entrepreneurs de l’échantillon n’ont pas eu une expérience préalable dans l’industrie dans laquelle opère leur entreprise.
Vous pouvez retrouver mon étude ici. (N’hésitez pas à m’envoyer un message si j’ai oublié une boite)
Il est difficile de tirer une quelconque conclusion d’une étude aussi peu représentative. Toutefois, il semble évident que dans une tentative de rationaliser au maximum leurs décisions, les investisseurs se fient à leur intuition. Cependant, de nombreux biais cognitifs agissent sur leur processus d’évaluation, entrainant ainsi la reproduction dans le temps de certains schémas en matière de capital humain (les entrepreneurs les plus souvent financés par des VCs sont des hommes, dans la trentaine, issus souvent de grandes écoles…) et freinant ainsi l’inclusion dans l’écosystème entrepreneurial.
Il est nécessaire de bien les connaitre pour pouvoir mieux les maitriser et continuer les progrès qui sont en train d’être faits (et heureusement 😊 )
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Merci à Milissa pour la relecture !
À dans deux semaines !
Ghita